





























La Rose de France (mai 1917), couverture de Kees Van Dongen
Bon exemplaire du numéro de mai 1917 de la très rare revue La Rose de France lancée par le peintre Kees Van Dongen avec le soutien de sa compagne Jasmy.
La couverture de la revue reproduit une composition de Kees Van Dongen dont la mise en coloris change suivant les mois. Le couturier Paul Poiret, ami du peintre soutient la revue. Les 3ème et 4ème de couverture reproduisent ainsi des publicités pour les Parfums de Rosine de Paul Poiret.
Ce numéro comporte une illustration en couleurs d'une oeuvre de Kees Van Dongen.
Titre | La Rose de France (mai 1917) |
Type | Périodique |
Édition | Paris, Imprimerie Vaugirard (Impasse Ronsin, 13), 1917 |
Description |
36 pages. Couverture illustrée. |
État | Bon état. |
Dimensions | 320 x 245 mm |
Les contributeurs de ce numéro sont : Van Dongen, Robert Bonfils, Saint-Georges De Bouhélier, Lebasque, Maxime Blum, Armène Ohanian, Régis Gignoux, Lucie Delarue-Mardrus, Léon-Pierre Quint, Commandant E. Réquin, Matisse, Jean-Gabriel Domergue, Jasmy, Le Face-A-Main, Benito, Sylviac, Loo, L'homme, Nive.
La revue a fait l'objet de descriptions dans la presse de l'époque et dans des catalogues d'expositions consacrées à Kees Van Dongen :
- Dans Le Bonnet rouge du 12 juin 1917, Georges Axel présente ainsi La Rose de France :
"Quand arriva l'abominable aventure, on était, à Paris, très épris d'art et d'harmonie. La mode, surtout, suivait une évolution intéressante. La. mode devenait, réellement un art. Le costume s'accordait aux trouvailles de la décoration et de l'ameublement. Ainsi se créait une expression esthétique de notre vie moderne : le meuble, l'étoffe, le bijou, le chapeau, la robe, le bibelot, parlaient une même langue. Il y avait de l'harmonie. Les amis les plus vains des plus vaines petites Parisiennes, vivant dans cette atmosphère esthétique acquéraient un sens instinctif de la beauté. Leurs gestes, naturellement, obéissaient à certains rythmes. Et tout cela apportait un très grand charme à la vie.
Je pense à ces temps reculés d'avant l'abominable aventure, je pense à ce, jadis de la joie et du tango, en feuillettant une revue d'art très moderne : la Rose de France.
La Rose de France est, une revue de modes, mais combien différente des revues de modes anciennes.
Des dessins de Robert Bonfils, de Lebasque et de Van Dongen, des vers de Saint-Georges de Bouhélier et de Lucie Delarue-Mardrus préludent aux pages d exposition où dénient les modèles des couturiers les plus audacieux.
Et on s'aperçoit que ces robes aux lignes droites qui effleurent et drapent le corps de la femme plutôt qu'elles, ne l'enveloppent, ne sont pas du tout déplacées en compagnie des dessins de nos artistes les plus raffinés, les plus modernes."
- Dans Van Dongen, Fauve, Anarchiste et Mondain (p. 165-166), la commissaire de l'exposition parle ainsi de la revue :
"En 1917, Van Dongen lance également son propre magazine, La Rose de France, pour lequel il utilise l'atelier de Jasmy comme adresse postale (32). Le succès de cette revue sera de courte durée car seuls quelques numéros semblent avoir été publiés. Les exemplaires que nous connaissons comptent entre vingt et quarante pages et comportent des sujets courts et de nombreux dessins d'artistes. Le type d'illustrations et les articles donnent une idée des centres d'intérêt de Van Dongen et de son cercle de connaissances de l'époque. Outre les noms de Van Dongen et de Jasmy, qui a imaginé pour l'occasion quelques aménagements d'intérieur dont une chambre d'enfant très stylisée, on voit également ceux des illustrateurs Jean-Gabriel Domergue, Benito et Maxime Dethomas, ainsi que ceux des peintres Matisse et Picasso, dont certaines œuvres sont reproduites. Van Dongen bénéficie également de l'implication de Saint-Georges de Bouhélier et Lucie Delarue-Mardrus, mais aussi de l'acteur et cinéaste Sacha Guitry, ainsi que de l'écrivaine et danseuse arménienne Armen Ohanian. Pour sa nouvelle intitulée « Dans les jardins noirs de Kara-Dagh», Van Dongen réalise le portrait d'une séduisante femme voilée, très vraisemblablement l'auteure elle-même".
Pour le premier numéro de février, Van Dongen publie ses souvenirs de son précédent séjour à Venise, qu'il accompagne de quelques croquis de la ville. Il y fait allusion à son exposition à la galerie d'Antin et à son tableau Chez la Marquise Casati. Le magazine contient aussi quelques photos impressionnantes de mobilier chinois et de statues, de céramiques, des dessins de vêtements et des derniers accessoires à la mode, ainsi qu'un portrait d'Ida Rubinstein accompagné d'un résumé de sa carrière. L'influence de Jasmy a certainement contribué à faire de la mode le principal sujet du magazine. La moitié des pages des numéros de mai et juin présentent ainsi les toutes dernières nouveautés de la saison, qu'il s'agisse de bottines, de chapeaux ou de sacs, des nouvelles tailles de jupes ou de l'affirmation d'un style de plus en plus androgyne. Les illustrations sont signées par des couturiers aussi réputés que Jeanne Lanvin, Charvet et les Maisons Jenny, Redfern et Paquin.
Ce magazine permet aussi à Van Dongen de s'inscrire dans un courant qui réunit la littérature, la musique, les arts plastiques et la poésie au travers de lectures et publications. On est frappé par la vivacité de style des articles, l'ouverture d'esprit (chauvinisme réduit au minimum) et la diversité des disciplines artistiques évoquées, des plus nobles aux plus triviales. On reste ici dans l'esprit des autres activités de Van Dongen.
En 1919, il contribue à la réalisation des décors et costumes d'une « Fête nègre » organisée par Paul Guillaume". Pour l'unique numéro que nous connaissons du magazine Aujourd'hui, qui contient aussi des textes des futurs surréalistes Louis Aragon, André Breton et Jean Cocteau, il réalise le dessin très expressif d'un visage d'Africain". Et en 1920, les Editions de La Sirène publient un second ouvrage qu'il a largement illustré, Les Plus Beaux Contes de Kipling®. L'intérêt de Van Dongen ne se limite donc pas à la peinture ou à l'art du dessin. L'un des journalistes qui vient lui rendre visite rapporte qu'il aurait même conçu des bottines de femmes et des meubles". En réponse à un questionnaire portant sur les frontières de l'art - où il s'agissait de savoir si l'œuvre d'un couturier peut être assimilée à une création artistique - Van Dongen déclare, non sans provocation, que chaque objet peut être qualifié d'œuvre d'art, « aussi l'œuvre du cordonnier, de la lingère, de la modiste, du charcutier qui fait de la mortadelle de sa fabrication*»."
32. Lettre de Kees van Dongen à Marthe Verhaeren-Massin, 11 février 1917 (voir note 12) : « Je dirige une nouvelle revue La Rose de France. » Au bas de la lettre: « adresse pour la Rose de France Atelier Jasmy, 27 avenue Kléber». Trois numéros du magazine seront finalement publiés, ceux de février, mai et juin 1917; collection particulière. Figure comme adresse de la rédaction le 21 rue de Marignan; le nom de Van Dongen est mentionné en premier dans l'index.
- Dans Van Dongen, Fauve, Anarchiste et Mondain (p. 227), la commissaire de l'exposition parle ainsi de la revue :
1915-1917
À l'automne 1915, Van Dongen se rend de nouveau en Espagne et peut-être aussi à Alger. En décembre, il est à Barcelone pour l'inauguration de son exposition à la galerie Dalmau. Il séjourne ensuite à Majorque en compagnie d'Arthur Cravan. En janvier 1916, il revient à Paris et emménage au mois d'avril 29 villa Saïd.
Sa nouvelle compagne, Léa Jacob (surnommée Jasmy), l'introduit dans les milieux parisiens de la mode. En 1917, Van Dongen expose à la galerie d'Antin et lance sa propre revue sous le titre La Rose de France, dans laquelle paraît également un dessin de la main de Jasmy.
- Dans Le Musée et l’Encyclopédie de la Guerre, 2e année, n° 7, février 1917-1918, pp. 186-187, Grand-Carteret parle ainsi de la revue :
« ... voici les élégances de Paris, La Rose de France qui se présente à nous sous ses multiples couleurs, avec, sur sa couverture, un dessin de Van Dongen d'un joli mouvement [...]. En une spirituelle préface [dans le premier numéro], Simone de Caillavet dit bien haut ce que tout le monde pense tout bas : « les vraies roses de France ce sont les Françaises ». Le dessin de Van
Dongen : une femme aspirant le parfum de la rose pourrait donc s'appeler : les deux roses. Mais quoi que nous soyons en guerre, rien ici, ne saurait rappeler la guerre des deux roses. La Rose de France est bien typique du Paris 1917, du Paris sans hommes, du Paris de guerre des intellectuelles. [...] La Rose de France ne pouvait oublier la mode et tout ce qui touche aux élégances de la toilette. Et ses figurines de mode et ses décors d'intérieurs, et ses créations de publicité illustrée seront très remarqués tant ils sortent de l'ordinaire banalité pour s'élever au rang de création d'art. [...] Fondée en février 1917 elle a vécu ce que vivent les roses : l'espace de cinq numéros mensuels. Mais quel est l'amateur qui ne la possédera pas dans sa collection ! »
Choisir les options





























